Ca ira vite…
Voici une phrase entendue régulièrement, dans la rue entre amis ou chez son thérapeute juste après une opération.
Dans la médecine orthopédique, la banalisation de l’acte opératoire est parfois effrayante. Bien souvent les patients ne sont plus conscients de l’importance de l’acte chirurgical. Régulièrement, on entend toute sorte de justification : « on fait juste deux petits trous », « on rentre le matin, on sort le soir », « de toute façon, avec l’anesthésie, on ne sent rien ».
Parfois même les patients interrogent sur la nécessité de passer d’abord par une étape conservatrice de rééducation avant d’envisager l’opération. « Si on opérait directement, comme ça, c’est reglé ! »
Le corps humain est réduit à un jeu de LEGO sur lequel on enlève une pièce et on la remplace par une autre… la réalité est un peu différente.
Il n’y a pas de petite opération. Lors de chaque opération, les risques sont multiples :
- Risques liés à l’anesthésie
- Risques liés à l’opération (hémorragie, infection, douleurs,… )
- Risques cicatriciels
- Complications post-opératoires telles que l’algodystrophie
Bien que les chirurgiens soient de plus en plus précis et performants, que leurs gestes soient de moins en moins invasifs, que le matériel utilisé soit toujours mieux adapté, plus performant et plus résistant, un acte chirurgical reste violent.
Sans parler de l’anesthésie, qui a elle seule n’est pas sans risque. L’opération débute généralement par l’ouverture de la peau. A ce stade, on ouvre la porte à une éventuelle infection. Cette étape devrait déjà être considérée comme très sérieuse.
Dans le cadre d’une chirurgie orthopédique, le chirurgien va ensuite traiter la structure en défaut. Il va devoir y accéder en découpant plusieurs strates de tissus, autrement dit, il vous ouvre plus en profondeur ! Une fois cette structure mise en évidence, il va la couper, la fixer, la raboter, la rattacher selon le cas. Si ces termes vous font penser à de la menuiserie, c’est parce que les similitudes sont importantes. Il y a un réel travail mécanique sur la structure et bien que l’objectif soit d’améliorer la mécanique du corps, il s’agit là d’un véritable traumatisme.
Si tout se passe bien, ce qui est généralement le cas, vous rentrez chez vous, dans des délais qui vont de quelques heures à quelques jours selon le type d’opération. Afin de limiter les pertes de mobilité et de force, la rééducation commence très rapidement. Au lendemain de l’opération bien souvent. Et c’est bien souvent là que le problème se pose : « pourquoi une rééducation serait-elle longue après une petite opération ? »
Il ne faut pas se faire d’illusion, se remettre d’une opération prend du temps. Comme dit un ami : « en rééducation, il n’y a pas d’ascenseur, il faut prendre l’escalier ». Le temps de cicatrisation, l’évacuation de l’éventuel œdème et de l’hématome, récupérer la force et l’amplitude de mouvement, avoir confiance dans le membre fraîchement traumatisé par l’opération sont autant de processus qui nécessite du temps.
« OK, mais les sportifs de haut niveau, ils se rétablissent plus vite ! »
Et bien pas forcément, il y a quelques facteurs à envisager :
Le premier élément est d’ordre administratif ! Une star du foot obtient un rendez-vous chez un spécialiste le jour même. Il va sans dire que ce ne sera probablement pas votre cas. On se voit dans deux mois ?
Lors de l’apparition des premiers symptômes douloureux, le sportif en parle au staff médical qui peut le prendre en charge immédiatement. La plupart des gens espèrent une guérison spontanée mais cette attente aboutit à un aggravement des symptômes. Cette perte de temps considérable nécessitera forcément un traitement plus long.
Malgré cela, nous ne sommes pas tous logé à la même enseigne ! La jeunesse est forcément un atout majeur, on se rétabli plus vite à 20 ans qu’à 60, on en conviendra tous !
Ensuite, si certains atteignent le statut de sportif de haut niveau, c’est probablement parce qu’ils disposent d’une physiologie avantageuse. Il y a de forte chance que cet avantage donné par la nature intervienne dans la vitesse de récupération post opératoire.
Les moyens mis en place pour la rééducation sont optimaux. Plusieurs séances de revalidation journalières sont entrecoupées de périodes de repos. Le matériel utilisé est généralement à la pointe. Ce n’est évidemment pas le cas pour le commun des mortels qui doit jongler entre rééducation, travail, obligations familiales….
L’alimentation est surveillée par des nutritionnistes. L’impact de l’alimentation sur la vitesse de récupération est très régulièrement sous-estimé.
L’ensemble de ces conditions conduit à un rétablissement optimal. Et malgré tout, les délais de reprise ne sont pas toujours différents du commun des mortels.
De nos jours, l’arthroscopie est une technique opératoire considérée comme peu invasive et pratiquée en hopital de jour. C’est l’exemple type de la « petite opération ».
Une revue de littérature publiée par le site kinesport nous informe que chez des patients atteints d’épicondylalgie latérale (lésion du coude) traitée par arthroscopie, des améliorations significatives de la douleur et de la récupération fonctionnelle sont observées dans les 3 mois qui suivent l’opération. Cependant, la douleur à l’activité demande plus de 6 mois avant de passer sous le seuil des 10/100.
Ces délais mis en lumière par un nombre important d’études scientifiques sont en général beaucoup plus long que les quelques jours ou quelques semaines imaginé par le patient opéré.
En conclusion,
En période post opératoire, il est nécessaire de fournir des explications relatives à la durée du traitement. Il faut également porter une attention particulière à la rééducation dirigée. Les patients opérés souhaitant reprendre des activités avec charges lourdes le plus tôt possible prennent des risques importants pouvant mener à la réapparition de la pathologie, la surblessure et bien sûr l’allongement des délais de reprise des activités sportives ou professionnelles.
L’expression prendre son mal en patience prend tout son sens 😉
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