Crossfit : la mode, les blessures…. mise au point.

Haltérophilie

 

Crossfit…  c’est un rappeur ?

Créer en 2000, le CrossFit a depuis longtemps gommé l’étiquette de sport à la mode pour s’imposer largement aux USA dans un premier temps, puis en Europe et dans le reste du monde. Cette discipline sportive parfois pratiquée comme complément idéal à de nombreux sports, trouve également sa place en tant que sport à part entière.

Si vous ne voyez pas de quoi il s’agit, je vous conseille vivement de taper « CrossFit Games » sur youtube 😉 Mais pour vous faire une idée : Le CrossFit combine principalement la force athlétique, l’haltérophilie, la gymnastique et les sports d’endurance. Les pratiquants de CrossFit courent, rament, grimpent à la corde, sautent, déplacent des objets, pratiquent des mouvements olympiques d’haltérophilie ainsi que des exercices utilisant le poids du corps, des haltères, des anneaux de gymnastique, des sacs et tout autres objets pouvant servir de poids. Le CrossFit axe son fonctionnement autour de dix compétences athlétiques : endurance cardiovasculaire et respiratoire, endurance musculaire, force, souplesse, puissance, vitesse, agilité, psychomotricité, équilibre et précision. De cette multitude d’aspects naît sa richesse : les possibilités de sollicitations ainsi que les modalités de travail sont illimitées !!

Avec 114 box affiliées en France début 2015 (sans parler des officieuses !!), la pratique de cette discipline est en plein essor et les crossfitter sont de plus en plus nombreux.

 

Les blessures sportives.

Le CrossFit, qui n’a pas toujours bonne réputation en terme de risque de blessure, est-il un sport dangereux ?

Si de prime abord, pour l’œil non expert, la pratique peut sembler assez basique, elle relève d’un très haut degré de technicité. Les gestes sont complexes et la qualité du mouvement conditionne la performance. On sait par expérience que tout geste non maîtrisé provoque à plus ou moins court terme une blessure. Allons plus loin dans notre réflexion et considérons un athlète qui maîtrise parfaitement les différents gestes techniques. On peut raisonnablement penser qu’avec la fatigue, la détérioration du geste parfait risque à son tour d’entraîner des lésions. Qu’en est-il exactement ?

En 2013, un chercheur anglais nommé Hak réalise une étude sur la prévalence des lésions liées au crossfit. Un total de 132 questionnaires sont complétés.  Après analyse de ces derniers, 97 participants (73.5 %) rapportent une blessure lors de la pratique empêchant la poursuite de l’entraînement ou du travail. Parmi ces sujets, 9 (7%) ont subi une intervention chirurgicale. Enfin, les blessures touchaient particulièrement les épaules, le rachis et les membres supérieurs. Afin de permettre la comparaison avec d’autres sports, un taux de 3.1 blessures pour 1000 heures d’entraînement a été calculé.

Ces résultats montrent que le taux de blessures est comparable à l’haltérophilie, le power lifting et la gymnastique. Mais il est inférieur à celui de sports tels que le rugby ou le football et comparable à celui d’activités sportives telles que le fitness, la musculation en salle, la course à pied ou le triathlon.

La science a parlé… Les pratiquants de crossFit ne sont pas plus sujets aux blessures que la plupart des pratiquants de sports plus anciens. Génial, mais est-il possible de diminuer encore ce taux de blessure ?? Of course mon gars !!!

 

 

Les moyens préventifs.

  • Les conseils du coach constituent la voie de la sagesse ! Son analyse de votre technique permet de corriger le geste sportif. Il est évident que personne ne réalise en permanence des gestes parfaits et seule une technique adéquate prévient des blessures. Il est donc primordial de la travailler, non seulement dans un soucis de performance, mais également afin de se prémunir de toute blessure.

 

  • Est-il nécessaire de rappeler qu’une hygiène de vie saine constitue un vrai pare feu anti blessure ! Mangez sain, reposez vous !

N’oubliez pas que l’entrainement est une suite de phase d’effort et de phase de repos, l’un ne fonctionne pas sans l’autre.

L’alimentation est un aspect à côté duquel on ne peut pas passer. Si vous possédez une belle voiture de sport, vous allez mettre un carburant de qualité. Pour votre corps, c’est pareil ! Votre moteur ne sera performant que s’il est alimenté avec un carburant sain et efficace.

 

  • L’émulation au sein des salles de crossfit est un phénomène puissant qu’on retrouve rarement avec une telle intensité dans les autres pratiques sportives. Apprenez à vous arrêter quand votre corps n’en veut plus. La poursuite d’un effort avec un état de fatigue augmente fortement les chances de blessure.

 

  • D’après l’étude de Hak (2013), les lésions aux niveaux des épaules sont parmi les plus fréquentes. Un travail de renforcement spécifique des muscles stabilisateurs de l’épaule semble être judicieux. Et oui, ça va allonger un peu votre entrainement… vous êtes là pour suer non ?? 😉 Le renforcement conjoint des muscles grand pectoral et grand dorsal pourrait bien avoir un effet préventif intéressant. Comme pour tout type d’entrainement, pensez à en varier les modalités.

 

  • Le travail proprioceptif. Voici un aspect de l’entrainement qui prend une place de plus en plus importante au sein de nombreuses disciplines. L’équilibre et la maitrise de la position du corps dans l’espace sont des paramètres qui doivent absolument être maitrisé si on souhaite performer, mais également éviter la blessure. Le gainage de la colonne vertébrale ainsi que le contrôle de ses mouvements constitue véritablement un outil essentiel dans la lutte contre les lésions du rachis. Les méthodes d’entrainement proprioceptif sont nombreuses et variées. Il est intéressant d’en changer les modalités le plus régulièrement possible afin que le corps ne s’habitue pas à un seul type de sollicitation. Comme le dit le célèbre slogan : « sans maîtrise, la puissance n’est rien ».

 

 

Bon entrainement !!

 

Sources :

Hak PT, Hodzovic E, Hickey B, The nature and prevalence of injury during CrossFit training, J. Strength Cond Res. 2013.

 

 

category:

Pathologie - Traumatologie,Sport

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