Prise de masse musculaire : la méthode BFR

 

 

La prise de masse musculaire est un défi auquel nous avons ou serons tous confronté au cours de notre existence. Que ce soit dans un but esthétique ou sportif, le muscle a toujours eu pour l’homme (et pour la femme !!) un rôle important. Mais il y a un autre domaine ou la prise de masse musculaire est importante, c’est le contexte fonctionnel. Le gain ou la récupération de volume musculaire peut être d’une importance capitale lors d’une revalidation post traumatique ou post opératoire, ou même suite à un trouble fonctionnel.

Après un traumatisme, ou une opération, la fonte musculaire survient très rapidement. Et pour peu que la pathologie ou l’éventuelle immobilisation se prolonge, la fonte musculaire est considérable. Il n’est pas rare d’observer des différences de tour de cuisse de l’ordre de 6 cm après une reconstruction d’un ligament croisé du genou.

Il est donc nécessaire de récupérer la fonction musculaire au plus vite, et cela passe par une étape de récupération du volume musculaire.

 

BFR, de quoi s’agit-il ?

La méthode BFR (blood flow restriction = restriction du flux sanguin) est une méthode destinée à accélérer la prise de masse musculaire. Bien connue et de plus en plus fréquemment utilisée dans le milieu du body building, c’est une méthode encore très marginale dans le milieu de la revalidation.

La méthode consiste à mettre à l’arrêt la circulation veineuse, tandis que l’apport sanguin par les artères est toujours opérationnel. Sans entrer dans les détails, cette prise de masse musculaire a lieu suite a l’accumulation de lactate dans le muscle entrainé ainsi qu’une importante augmentation du taux d’hormone de croissance.

 

Comment procède t-on ?

La méthode BFR consiste à encercler la racine d’un membre à l’aide d’une bande élastique ou un dispositif KAATSU, autour de la racine supérieure d’un membre pour en limiter le flux sanguin veineux. Si la méthode BFR est correctement appliquée, le sang est capable d’entrer dans le muscle par le flux artériel, cependant, les veines sont entravées de sorte que le sang est partiellement empêché de quitter le muscle qui travaille.

Ce dispositif entraine un effet de gonflement du muscle, qui est le 1er mécanisme de croissance musculaire. (1) La restriction ou limitation du débit sanguin en musculation provoque également une accumulation de métabolites, tels que l’acide lactique, qui est un des facteurs pouvant stimuler la croissance du muscle.

Le serrage des bandes ne doit pas être trop intense de sorte que la circulation artérielle soit toujours fonctionnelle. Cette condition est absolument nécessaire sous peine de diminuer l’efficacité de la méthode.

 

 

Quels sont les avantages ?

Traditionnellement, des charges supérieures à 70% de 1 RM (=répétition maximale) sont nécessaires pour développer une hypertrophie. La méthode BFR est susceptible de produire cette hypertrophie à partir de charges comprises entre 20 et 30 % ! Cela ouvre la voie à de nouvelles méthodes d’entrainement non seulement dans l’industrie du fitness, mais également dans le domaine de la revalidation.

On comprend aisément qu’avec une charge de travail moins élevée, les articulations, tendons et muscles seront moins sollicités. Ceci constitue un avantage considérable en période post traumatique ou post opératoire, autorisant un gain de masse musculaire précoce !

 

Que dit la recherche ?

Longtemps, cette méthode a été l’object de discussion, rencontrant comme chaque méthode d’entrainement ses opposants et ses partisans. Actuellement, nous avons suffisamment de recul pour savoir si oui ou non cette méthode est efficace.

C’est Hughes et coll. (2017) qui nous fournissent une réponse fiable. Dans une récente méta analyse, l’auteur étudie 20 travaux de recherche relatifs à la méthode BFR. Cette analyse démontre une efficacité modérée de la technique qui constitue donc un outil potentiel de revalidation.

Il est évident que chaque programme doit être adapté à chaque situation et le but de cet article n’est pas d’en fournir les détails. Mais ces résultats nous ouvrent de nouvelles voies. Toujours en quête de variations des modalités d’entrainement, voici une nouvelle corde à ajouter à notre arc. N’hésitez donc plus à intégrer dans vos programmes d’entrainement et/ou de revalidation cette méthode de travail qui a scientifiquement fait ses preuves.

 

Références.

  1. Loenneke, JP; Abe, T; Wilson, JM; Ugrinowitsch, C; Bemben, MG. Blood flow restriction: how does it work? Frontiers in Physiology, 2012; 3, 392.
  2. Hughes, L., Paton, B., Rosenblatt, B., Gissane, C., Patterson S. Blood flow restriction training in clinical musculoskeletal rehabilitation : a systematic review and meta analysis. British Journal of Sport Medicine. 2017.
  3. Inagaki Y, Madarame H, Neya M, Ishii N. Increase in serum growth hormone induced by electrical stimulation of muscle combined with blood flow restriction. Eur J Appl Physiol. 2011 Nov;111(11):2715-21.

category:

Divers,Pathologie - Traumatologie,Sport,Traitement

Tags:

No responses yet

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *